” Notre paysage est son propre monument ”

Édouard Glissant, L’Intention poétique (1969)

Cette année, s'il nous a paru intéressant d'aborder la notion de paysage, c'est parce qu'elle interroge le rapport contemporain de l'humanité – et plus particulièrement de nos sociétés – au vivant. Un paysage n'existe que s'il est regardé, c'est une relation entre nous et notre environnement, une manière de voir le dehors, une construction culturelle.

Aussi, à l'aune de cette citation d'Édouard Glissant – « Notre paysage est son propre monument » – il s'agira, avec cette nouvelle édition des Rencontres Photographiques de Guyane, d'explorer un paysage qui ne se limite pas à un espace physique ou encore à un décor statique duquel découlerait une expérience contemplative. Pour le poète martiniquais, le paysage n'est pas simplement une toile de fond pittoresque, il est un acteur dynamique, un personnage aux multiples visages qui se métamorphose au gré des rencontres, des croyances et des tentatives de transformation dont il est l'objet.Le point de vue se fond maintenant dans les récits, les traditions et les imaginaires de ceux qui l'habitent et le traversent. En constante évolution, il respire, bouge, change et se fait le témoin de nos existences.

Ainsi, cette année, les propositions photographiques nous donnent à voir comment nos paysages, physiques, sociaux, intimes ou politiques, portent en eux les stigmates d'une histoire des dominations et comment chacun de leurs recoins garde les secrets de siècles de conquêtes mais surtout de luttes. Formés de toutes ces strates, ils sont après tout les protagonistes de nos histoires et c'est en tant que tels que nous nous attachons ici à les interroger. Le point de vue se fond maintenant dans les récits, les traditions et les imaginaires de ceux qui l'habitent et le traversent. En constante évolution, il respire, bouge, change et se fait le témoin de nos existences.

« Et vous, qu'avez-vous vu ? »

Durant deux années, nous avons donc construit pas à pas avec les photographes, nos résident·e·s, les commissaires, les chercheur·euse·s et l'ensemble de nos partenaires une programmation foisonnante de lectures protéiformes pour dire le lien émouvant et complexe que nous entretenons avec eux·elles. Nous avons laissé libre cours à l'expérimentation, fait la part belle à l'émergence et avons cherché à nous nourrir des expériences passées. Et ainsi, les travaux rassemblés nous fourniront les éléments réflexifs nécessaires pour faire de cette édition une véritable traversée de la question paysagère.

Avec toute l'équipe, nous espérons que ces regards feront une fois encore de notre biennale internationale des Rencontres Photographiques de Guyane un lieu privilégié d'échanges, de rencontres et de créations pour une 8e édition riche et en phase avec les questions de son temps.

Karl Joseph


Directeur de la biennale des
Rencontres Photographiques de Guyane